Christophe
Le 27 mai 2023
4 min de lecture
La vie de tout être humain est marquée par une succession de moments de vie. Notre naissance, nos premier pas, l’adolescence, les études, un premier travail, un premier appartement, la création d’une famille, une reconversion, l’achat d’une maison, l’arrivée d’un enfant, les voyages, la retraite, la perte de proches….. Ces évènements de vie qui rythment notre quotidien sont clés pour comprendre notre présent et déterminants pour définir notre avenir.
Agréables ou plus difficiles à vivre, l’hétérogénéité de ces moments met en lumière une vie multi facettes, organique et évolutive, entremêlant individualité et collectif, environnements personnel et professionnel mais également faisant cohabiter des dimensions humaines visibles (corporelle) et invisibles (intellectuelle, psychologique, émotionnelle, spirituelle).
Que ces moments soient subis ou voulus, chacun de nous apprend à vivre avec; essayant de trouver une harmonie, d’atteindre un équilibre ajusté à ses propres contraintes, ses envies et besoins. Ne pas considérer l’importance de tous ces éléments pour établir le point d’équilibre de sa vie entrainera indubitablement des manques, des carences impulsant ainsi à notre système vie des oscillations pouvant générer un sentiment de mal être d’une ampleur exponentiellement proportionnelle à l’importance des enjeux rencontrés.
Un équilibre de vie au delà du simple équilibre pro/perso
Depuis quelques années maintenant l’équilibre pro/perso préoccupe de plus en plus le monde de l’entreprise. S’il fallait définir ce terme, je dirais qu’il s’agit de “mettre en place ou d’enlever des éléments du quotidien, pour permettre aux salariés d’être épanouis autant dans le monde professionnel que personnel sans que l’un n’empiète sur l’autre”.
En s’intéressant à cette notion, les entreprises mettent ainsi en avant une prise de conscience importante et récente : ce qui arrive dans l’environnement personnel du salarié influence sa capacité à collaborer en équipe (animosité, conflits) mais également sa productivité (réduction de la sa performance, absentéisme moral…).
Une étude montre d’ailleurs que 42% des salariés français trouvent qu’une mauvaise journée passée au travail a un impact direct sur leur vie personnelle, et inversement, deux tiers des salariés français (65 %) affirment que leur vie privée a des conséquences sur leur performance professionnelle.
Les moments de vie difficiles sont souvent imprévisibles et peuvent provoquer de gros dégâts s’ils sont mal appréhendés.
En considérant l’interdépendance de ces deux mondes, l’entreprise fait un pas de plus vers la prévention des risques psychosociaux et assure une continuité certaine dans sa productivité globale. Que ce soit pour un deuil, un divorce, un arrêt maladie longue durée ou encore un burn-out, aider le salarié à gérer ces situations de vie délicates et s’adapter à ce qui est présent pour lui dans l’instant permet de réduire drastiquement les risques de rupture de lien (absentéisme, présentéisme ou démission), de garder son salarié connecté, engagé.
Fortes de ce constat, les entreprises ont mis en place de nombreuses mesures :
- Aménagement des horaires de travail pour mieux gérer son organisation au quotidien et l’ajuster aussi en fonction de ses contraintes personnelles
- Généralisation du télétravail tout en respectant le droit à la déconnexion
- Mise en place de services d’écoute et d’aide psychologique pour prendre soin de sa santé mentale
- Création de nouveaux espaces de travail plus ergonomiques et de services facilitant la vie au quotidien (salle de sport, conciergerie)
Ces propositions sont importantes car elles permettent de gérer le besoin de flexibilité indispensable depuis quelques années déjà mais sont malheureusement insuffisantes pour accompagner les difficultés personnelles du salarié.
En effet, comment pouvons nous traiter des besoins spécifiques et uniques avec une approche générique et globale ? Comment pouvons nous proposer une approche mono disciplinaire (psychologue du travail OU assistance sociale OU assistance juridique OU…) alors que les enjeux rencontrés pendant lors de ces situations sont multiples (psychologique ET administratif ET organisationnel ET corporels ET…) ?
Il s’agirait de faire autrement, d’adapter les propositions aux besoins complexes, urgents et multi factoriels du moment. Il conviendrait de proposer des accompagnements pluridisciplinaires, spécifiques et individuels prenant en compte le vécu du salarié fragilisé pour vraiment prendre soin de lui.
Sans basculer dans de l’ingérence ni la gestion de l’intime (des situations peuvent parfois relever de la pathologie, ou faire remonter des blessures profondes) et tout en préservant un niveau de confidentialité permettant d’entretenir le lien de confiance avec le salarié, l’entreprise a un rôle d’une importance capitale à jouer pour contribuer à son mieux être.
La pandémie a mis en lumière une situation existante depuis bien des années, il serait temps de regarder et d’adresser cette réalité pour apporter plus de sérénité auprès du salarié, de l’entreprise mais également de la société.